Ce texte a été produit lors d’un atelier d’écriture de Pauline Harmange ayant pour thème « la ruse ».
Ce qui l’atteint pour le moment ce ne sont ni les ondes de la lumière ni celles du vent, et encore moins les regards. Il n’y a que, un à un et en douceur, les grains de poussière qui pelliculent sa surface à défaut de trouver un rayon de soleil dans lequel danser en route.
Ce qui se désagrège et s’agrège au liquide, c’est une pierre qu’on dirait trop dense pour faillir, et pourtant. Le temps a déjà commencé à collecter sa dîme. Les murs sont faits du même roc mais dissimulés derrière des panneaux de papier dispensant la fragilité nécessaire à la méditation. Un à un, les minéraux esseulés tombent à travers la pièce aux proportions canoniques dans le thé déjà froid qui bientôt perdra son goût pour en endosser un autre. À quoi bon alors avoir fermé la trappe, écarté l’échelle depuis la sortie ? Le thé est déjà gâché. Mais le lieu perdure et c’est tout ce qu’il y avait à espérer.
Quand il a entendu leur galop, le vieillard a su qu’ils ne s’arrêteraient pas, pas sans une bonne raison. Alors il a arrosé le grand singe posé sur le petit plateau une dernière fois, posé la tasse sur son lit de bambou. Il a monté l’échelle et a bloqué l’accès à la chambre de thé sans retour, fébrilement tout dissimulé. Boire cette dernière tasse ç’aurait été sacrifier l’espoir, mais rester là c’était condamner l’espace à se faire découvrir, souiller de son sang, perdre pour tout le monde.
Un jour peut-être quelqu’un aura besoin d’un abri. Un jour peut-être la tasse de thé sera vidée – en conscience de ce qu’elle représente, ou non.