Et il y a le reste du temps.
Et il y a le reste du temps.

Et il y a le reste du temps.

Les jours où ça se passe bien. Les jours où tu te réveilles toute seule à 7h, tu fais avancer ton récit, tu te débats un peu parce que tu es à mi-histoire et elle mute – juste à l’heure – et toi tu l’accompagnes parce que c’est ok et que tu as bien envie toi aussi de voir où elle va t’emmener. Les jours où tu vois un ami, en prends en photo un autre, où tu es évidemment en retard sur tout ce que tu t’étais fixé mais que tu réalises que tu n’as plus que six ou sept jours de tournage à caler et que sur quatorze, ça veut dire que tu as au moins réussi à organiser la moitié, alors, tu relativises : tu t’en sors certes un peu moins bien que ton cerveau malade le voudrait, mais bien mieux que ton syndrome de l’imposteur essaie de te le faire croire.

Les jours où des libraires te disent de venir déposer ton bouquin et où tu te rends compte que oui oui, vraiment, il suffisait de demander.

Les jours où tu montes les premières images de ta websérie et où tu arrives à te regarder avec un oeil plus bienveillant que la fois d’avant.

Les jours où cette école où tu rêves d’aller te confirme qu’elle veut bien de toi.

Les jours où un morceau de conversation te débloque celui qui manquait à ton épisode 10.

Les jours où tu n’as pas la sensation de devoir choisir.

Les jours où les gens se sourient dans la rue.

Les jours où ton kickstarter atteint 100% en moins de dix jours. Ceux où un site web que tu aimes bien publie un article au sujet de ta série en titrant « La web-série à découvrir ». Ceux où il t’en reste 25 de jours, pour franchir deux paliers supplémentaires, et où tu finis par imprimer que certes dans le lot il y a des gens qui font ça parce qu’ils t’aiment, mais que la plupart, c’est parce qu’ils croient que ce que tu fais vaut le coup. Je crois que c’est ce que je retire de plus précieux, en fait, d’un crowdfunding qui réussit : l’argent c’est utile, les félicitations, c’est chouette. Mais cette voix de tous les contributeurs qui, à l’unisson, me murmure : on veut que ce projet existe, et on le veut suffisamment pour le financer,  je me dis parfois que c’est ça le véritable enjeu. La véritable récompense de quête.

Les jours où tu te sens reconnaissante, en fait, pour la vie qui pulse à l’intérieur de toi et pour ceux qui, à l’extérieur, contribuent à ce qu’elle avance dans le sens que tu as choisi.

Je crois qu’aujourd’hui j’avais juste envie d’envoyer un grand « Merci » dans la direction de l’univers.

(La photo est un backstage de l’épisode 1 que j’ai trouvé dans les dérushs de Coline Sentenac)

.