I am a fox
I am a fox

I am a fox

Donc, j’étais en Islande. Je vivais l’un des voyages les plus attendus de ma vie, avec un être humain auquel je tenais beaucoup, et un appareil photo, et un trépied qu’un homme de l’ombre m’avait prêté. On avait du thé, on avait un kimono de soie, on avait même le furoshiki dans lequel je conserve mes cordes.

Je me suis mise à faire des plans au hasard. C’était l’Islande, alors ils étaient beaux. Je tissais une sorte d’histoire dans ma tête, je mélangeais les symboliques. Je ne savais pas où j’allais mais je savais ce que je pouvais dire, certaines choses que je pouvais dire, et ça me rendait heureuse.

Et puis j’ai pensé à deux autres renards qui étaient très très loin au sud de moi et à quel point je les aimais l’un et l’autre et à quel point ils me manquaient et que l’un des deux était triste de ne pas être allé dans ce pays-là et comme je me sentais proche de l’endroit où ils étaient malgré tout. Et puis au milieu du voyage-tournage j’ai réalisé que j’étais allée là où j’avais besoin d’être. Que j’étais en train – ça m’a frappée en repensant à l’avion écrasé sur plage sous la grêle, mais loin d’être abandonné pour autant, ça – de répondre à cette question-là :

What happens when a fox
tames another
fox?

Et puis je me suis rappelée qu’il y avait ce concours et je me suis dit que le thème de cette année, c’était bien, que je pouvais l’utiliser, et je me suis dit :

Et pourquoi pas ?

Ensuite je me souviens d’un aéroport et d’une grande quantité de chocolats chauds au lait de soja, et de mon carnet détrempé et séché et re-détrempé et toujours humide en fait, je me rappelle de ses coins relevés et figés dans cette position-là et c’était dur d’écrire sur le bas des pages, mais le stylo fonctionnait encore un peu et puis c’était important alors,

Et puis je suis rentrée et j’ai mis les images ensemble et un ami est venu m’aider puis un autre, et je tournais le lendemain mais ce n’était pas grave parce qu’il fallait que je voie – que je touche – que j’assemble,

Il fallait que je sache si j’avais réussi.

Et puis deux autres comparses m’ont aidée, aussi, et les couleurs, le son, ont rendu les images moins proches de ce que j’avais vu et plus proches de ce que j’avais vécu et je me suis rendu compte que ça faisait beaucoup de belles personnes pour m’aider et je me suis dit qu’ils étaient tous trop gentils

Ça m’a émue

Et puis voilà.

Ça s’appelle Je Suis un Renard et c’est un morceau de moi

J’espère que vous allez l’aimer un peu

(Il faut cliquer)

FOX.