Second miroir
Second miroir

Second miroir

J’ai fait du montage aujourd’hui.

Pas ce matin, tôt ce matin j’écrivais. Mais le reste de la journée, c’était du montage – l’épisode final de Sans Vouloir vous Déranger. La plupart des gens avec qui j’en ai parlé semblent penser que ce doit être l’étape la plus désagréable pour moi – ce qui est le cas.

Monter les images où on apparaît soi-même, c’est quelque chose à quoi je ne connais aucun comédien qui ne rechigne. Dans ce cas particulier c’est me confronter une nouvelle fois, et à mon image, et à mon jeu, et à mon scénario. L’un des plus intimes jusqu’ici – si pas le plus intime. Nous verrons. Je n’ai pas fini. Tout a encore le temps de se casser la figure et d’être reconstruit trois fois.

Mais si cette violence, celle de la confrontation, que j’avais décrite dans L’Art de la Pose, est ici décuplée et multipliée par le nombre de tableaux sur lequel elle s’exerce, je pense encore qu’elle est bonne. Parce que j’aurai toujours ce moment d’autodétestation, même quand je ne fais pas exprès d’être ridicule – surtout dans ce cas – au début, mais je me mets quand même au travail, aussi inconfortable soit-il, épisode après épisode après épisode.

Elle est bonne parce que le mouvement de recul, de dégoût, de peine et de colère en me voyant et en m’entendant a beau arriver à chaque fois, je le balaie chaque fois un peu plus vite. Elle est bonne parce que chaque moment que je ne passerai plus à me laisser distraire par mes (nombreuses) imperfections sera un moment de plus passé à perfectionner ce qui peut l’être. Encore, et encore, et encore. Et elle est bonne parce qu’elle me sert à voir que c’est ce que je fais maintenant, ce que nous faisons – we show up.

Alors, je reviendrai demain.

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