Wild Child
Wild Child

Wild Child

Je me suis enfuie dans la forêt.

Loin, loin du brouhaha des humains. Loin de la folie ambiante. Loin des choix impossibles. Loin de tout, si ce n’est ces deux âmes que j’aime tellement et la chrysalide apaisante qu’elles ont toujours su tisser autour de mon âme. Ambre a peint mon visage. Puis, avec Julie, elles se sont attelées à cela : embellir mon âme.

Il n’y avait plus de lumière, mais nous n’en avions pas besoin. Il me suffisait d’être nue dans la forêt avec le goût de ce souffle d’air si particulier, propre aux bois, qui caresse en même temps qu’il (r)éveille.

J’aurais pu m’y perdre et y rester. Peut-être même que je l’aurais voulu. Mais alors je suis allée me réconcilier avec la forêt du festival, et j’ai enfin fini ce livre qui me dit d’aller courir avec les loups. Comme toujours, il m’a donné ce dont j’avais besoin – le chemin de l’âme qui doit traverser le pays des morts pour se dépouiller de ses dernières illusions. Et c’est ce qui s’est passé.

Je pense que, si j’ai passé tant de temps à me demander où était ma place, c’est parce qu’il n’y a pas de réponse permanente. J’ai passé des années à être une passagère dans tous les milieux, une visiteuse dans tous les groupes que j’ai traversés, et à me dire qu’il fallait que je choisisse entre être une machine de travail et une hippie dans la forêt. Et puis Anaël m’a apporté la solution comme si elle coulait de source : je ne devais pas avoir peur de me transformer en machine de travail, parce que bien sûr que j’en étais une. Je ne devais pas essayer de tendre vers un état d’esprit éthéré, parce que j’y étais déjà.

Je ne suis pas dans le monde des hommes en attendant d’avoir le courage de le quitter. Ce n’est pas ça, ma nature. Ma nature, c’est de faire partie des deux mondes. Et j’ai besoin des deux. J’ai besoin d’entreprendre pour mes convictions, et j’ai besoin de fermer les yeux et de laisser le monde à lui-même, quelques instants. Et je suis aussi pleinement moi-même dans un cas comme dans l’autre.

Comme je le dis souvent : choisir, c’est pour les autres.

Mon rôle c’est de me tenir à la frontière, un pied solidement ancré dans chacun des deux mondes. Peut-être d’être une frontière, allez savoir.

Mais il me fallait le silence pour m’en rendre compte. Bien sûr. Parce que c’est la chose la plus précieuse et la plus rare de ce monde, le silence. Mais, quand on l’a obtenue, on se rend compte à quel point elle en vaut la peine.

Et c’est beau, de regarder les passages entre les mondes.

Florence signé
© Julie World Tree
Florence2 signé
© Julie World Tree
Florence3signé
© Julie World Tree