Résister
Résister

Résister

Je ne parle jamais de politique sur ce blog. Pas directement. Pas ouvertement. Mais en fait j’en fais tout le temps.

Dans sa newsletter 101, « Écrire entre les lignes », mon coach et ami Anaël Verdier a écrit ces mots : « L’an dernier j’ai accompagné une jeune femme brillante dans l’écriture d’un livre féministe sur la place du corps dans la société, sur le rapport de soi à son corps et à l’image de ce corps. » Au cas où je n’aurais pas compris de qui il s’agissait, il a ajouté ceci :

capture

Je défends l’idée que la politique c’est tous les jours depuis l’instant où je me suis acheté une conscience politique. Je répète encore et encore que ce n’est tout simplement pas possible de ne pas s’intéresser à la politique, dès lors qu’on n’en limite pas la notion aux débats et à la macropolitique de spectacle qui sont notre pain quotidien depuis de trop longues années. Que c’est politique de devenir vegan. C’est politique de se mettre à poil. C’est politique d’utiliser un service de voitures plutôt qu’un autre. Tout est politique parce que ce qui est politique c’est ce qui concerne la putain de vie de la cité.

Du coup, j’évite de trop parler partis politiques sur ce blog. Tout le monde voit bien à quelles manifs je vais et quel genre de valeurs je défends, mais c’est tout. Et c’est très bien comme ça, je suppose. Parce que c’est mal, non, de parler politique quand on veut faire de l’art ? Parce que ça ne va pas ensemble, n’est-ce pas ? Mais c’est la même chose.

Mais là, je suis un peu obligée de sortir de ma réserve. Entre les violences en début de cortège, les violences symboliques, les violences verbales envers « celui qui ne vote pas bien », comprendre : pas comme moi. « Politiquement la faiblesse de l’argument du moindre mal a toujours été que ceux qui choisissent le moindre mal oublient très vite qu’ils ont choisi le mal », comme l’écrivait Hannah Arendt, une autrice avec qui j’ai autant d’affinités que de points de tension, ce qui rend notre relation passionnante. Mais bref. Tout s’accélère, et quoi qu’il arrive ce sera de pire en pire. Ça me rappelle un épisode de The Newsroom, où Will McAvoy interroge un expert en réchauffement climatique et lui demande ce qu’il faudrait faire pour sauver la planète, et où l’échange a globalement cette teneur :

– Vous voyez, c’est comme si nous étions dans une voiture lancée à fond contre un mur, sans freins efficaces et sans airbags.
– Oui, mais que faudrait-il faire selon vous pour arranger la situation?
– Stopper la voiture il y a dix ans.

C’est maintenant qu’il faut se lever.

Parce que chaque minute où nous avons toléré ce système et ce qu’il engendre est d’ores et déjà intolérable. Nous sommes endettés vis-à-vis de notre propre conscience.

Parce qu’il ne nous reste que la rue.

Parce qu’on a besoin de se battre, parce que je refuse de croire que ce ne soit plus dans notre ADN, parce que je refuse de croire que ce ne soit pas la peine de parler avec cet Autre qui a si peur et est si désespéré, parce que si on n’essaie pas de convaincre alors quoi ? On décide que les gens sont ontologiquement mauvais et on se suicide tous ?

Parce qu’il reste des champs de bataille et que ces batailles on les livrera. Parce que les déceptions d’aujourd’hui portent en fait l’espoir de demain.

Parce que « dimanche, on met dehors la bête immonde, et à partir de lundi, on s’occupe du banquier. »

_MG_8020

_MG_8033

_MG_8038

_MG_8043

_MG_8062

_MG_8094

_MG_8097

_MG_8098