Le truc avec les manifs, c’est que c’est un creuset. Le motif de la manifestation lui sert de catalyseur. Les humains présents en sont la matière. Et ce qui est catalysé, ce sont les énergies individuelles de chacun, pour en faire sortir cette grande onde commune. On peut la sentir vibrer. Elle monte depuis le sol, s’accroche à vos muscles, accompagne les battements de votre coeur et crée l’unisson.
Les gens se mettent en phase les uns avec les autres et peut-être même avec la planète, allez savoir. Chacun se sent à sa place. On y fait partie d’une communauté au vrai sens de ce terme.
Les gens sont vivants. Ils deviennent des personnes.
Je trouve fou que quiconque s’étant déjà trouvé au milieu d’une manif puisse nier la force créatrice de la pensée, le poids d’une idée. Ce n’est même plus une théorie, ça devient un fait observable.
La même mécanique se retrouve dans tous les rassemblements humains, quand on y pense. Tous les très grands groupes rassemblés dans un objectif commun ont leur vibration. Elle ne fait pas la différence entre le bien et la mal, l’amour et la haine, d’ailleurs. Elle se contente d’être, comme un phénomène naturel. Ce qui explique que les manifestations fondées sur le « contre » et le rejet de l’autre, type manif pour tous en son temps ou anti-IVG, nous blessent l’énergie quand nous croisons leur route.
Une manif, c’est moins cher qu’un concert et plus utile qu’un match de foot, mais ça reste une structure semblable.
Ensuite, une fois qu’on a réalisé le potentiel du regroupement, il reste évidemment à trouver dans quelle direction canaliser toute cette énergie. Décider quoi faire du temps qui nous est imparti. Et c’est bien là que le bât blesse trop souvent.
Oh, je suis aux États-Unis, by the way. Ça, ce sont les images que j’ai eu l’occasion de prendre lors des Women’s March de Sacramento et San Francisco, et la veille lors d’une pré-manifestation à Angel’s Camp.
Et parce que tout de même, aller à une manifestation aux États-Unis à bord d’un bus hippie, ça se fête, l’un de nos compagnons, Nicholas aka Captain Encouragement, m’a gentiment pris ce souvenir à l’aller, vers 7h du matin (heure locale).