Estelle fait un acte manqué
Estelle fait un acte manqué

Estelle fait un acte manqué

Pendant des semaines, je me suis demandé comment faire arriver Estelle là où je l’avais décidé. Caractérisée comme elle l’était, il lui était impossible de prendre la décision de parler. Pour autant, je ne voulais pas céder à la facilité de la contrainte extérieure. Comment pouvait-elle décider, et cependant être incapable de décider, d’être honnête avec elle-même et les deux garçons qu’elle aimait ? Et puis la réponse m’est apparue, limpide. C’est comme ça qu’on a conclu la saison 1. « En fait, c’est une série sur la psychologie ton truc, quand on regarde les titres des épisodes. »

Sans Vouloir vous déranger, c’est une histoire étrange. Cette saison est faite de bric et de broc, de directions artistiques qui se rentrent dedans, de visions qui s’opposent. De morceaux de chemin qui ne savaient pas qu’ils étaient destinés à durer au-delà d’eux-mêmes, et de contraintes techniques qui s’empilent.

Mais c’est bien. « Comment on décline ce court-métrage en mini-série », « Comment je fais pour développer un arc en intégrant ces épisodes déjà tournés », « Comment je m’accommode des caractérisations déjà présentes pour essayer de les creuser ». C’était technique. C’est pas parfait. Mais ça m’a forcée à être un peu créative, et finalement ça donne une saison qui est un prologue à ce que je suis en train d’écrire : la suite. La saison 2.

J’écris Sans Vouloir vous déranger comme je n’écris rien d’autre, avec de gros morceaux de réel et un blender à peine réglé à 1 ou 2. C’est conséquemment plein de fibres, en tout cas pour moi. Mes amis s’amusent à essayer de deviner ce qui est vrai, ce qui vient du vrai, ce qui est un mensonge pour dire des vérités.

Cédriane me dit qu’elle me trouve badass parce que je suis à poil et confrontée à moi-même à l’écriture, au jeu et au montage, finalement. Je lui réponds que c’est bien pour ça qu’il m’est essentiel de l’avoir, elle, et tous les gens de confiance qui forment cette équipe.

Et puis il y a les épisodes que tu écris, puis que tu vis, puis que tu tournes et quand tu les montes six mois après l’écriture tu réalises : Attends, mais. Quoi ? Je savais tellement bien ça que je l’ai écrit avant que ça n’arrive ? Et tu regardes tes ruptures dans le jeu en te disant : ah oui oui, ça aussi je sais d’où c’est sorti.

Nonobstant la cocasserie de la chose, l’épisode 6 est, je crois, mon favori. Alors… J’espère qu’il vous plaira.