Julie de Waroquier m’a envoyé cette image cet après-midi. Elle provient d’une ancienne séance, et dans ma tête elle est immédiatement entrée en connexion avec un échange épistolaire qui dure depuis plusieurs jours et les réflexions que j’y associe.
En l’occurrence la réflexion de ce matin c’était celle-ci :
« Nous, on n’a pas la patience d’avoir peur. »
Et c’est marrant parce qu’en fait, la peur, elle est toujours là. Même quand on n’en tient pas compte. Il est devenu assez cliché de dire que le courage, ce n’est pas de ne pas avoir peur, mais d’apprendre à avancer malgré elle, mais quand on n’en fait pas un slogan vidé de son sens à partager sur les réseaux sociaux et qu’on regarde vraiment ce qu’elle dit, cette phrase est juste tellement vraie.
Parfois ta route rencontre celle d’une comète. Sa présence ici n’a aucun sens, elle repart aussi impromptuement qu’elle est venue, elle t’explose à la figure et avant que tu aies eu le temps de dire ouf, l’impact a complètement chamboulé ta petite intériorité bien rangée. Et là où la comète se différencie d’un astéroïde, c’est qu’elle a son propre noyau bien actif. Et ma comparaison avec l’astronomie cesse de faire sens à l’instant, parce que si les planètes ne peuvent se nourrir de la fusion qui se produit dans le noyau des comètes, le genre d’événements dont je parle, lui, engendre une circulation d’énergie dans les deux sens. On se retrouve à donner et à recevoir sans l’avoir ni demandé, ni prévu, et c’est juste là, et la violence du choc, au lieu de te détruire, te montre que oui, tu es toujours bien ancré sur ton axe.
La peur est là, mais elle est supplantée par autre chose. L’envie ? L’excitation ? Non. La sérénité de celui qui sait qu’il est en train de vivre ce qu’il a à vivre, et non pas de laisser d’autres chemins, d’autres peurs, couper sa propre voie.
Et c’est une sensation merveilleuse, vois-tu.
Petite, j’avais une phrase qui m’a beaucoup marquée dans La place de Vérité de Christian Jacq : « La vie est comme un long couloir bordé de portes. Certains y frappent, d’autres attendent à l’extérieur en espérant qu’on leur ouvre. Moi, je les enfonce. » En mode bulldozer, tu vois. Mais plus la vie avance et plus je me rends compte que, dès lors qu’on entre dans une énergie positive d’acceptation de soi-même et de ses potentialités, les portes, en réalité, non seulement s’ouvrent d’elles-mêmes, mais elles tombent littéralement du ciel, devant nous.
Derrière, on trouve des chemins, des outils, des talismans magiques, des enseignements. Des miroirs. Et tout ça, ça fait peur, parce qu’un miroir ça nous montre qui on est, mais on ne peut pas prévoir sous quelle facette. Ce miroir contiendra-t-il un encouragement ? Un avertissement ? Et si je n’aime pas ce que je vois ? Quand aux outils et aux enseignements c’est encore pire. Si, après ça, je n’allais pas au bout ? Qu’est-ce que cela dira de moi si je renonce en n’ayant même plus l’excuse du « je ne sais pas faire » ou celle du « je ne savais pas » ? Et si derrière la porte, en fait se trouvait quelque chose qui allait me blesser et me laisser pour morte ?
La vérité c’est que le seul moyen de savoir ce qu’il y a derrière la porte c’est de la franchir. La franchir, pas rester sur le seuil en tendant le cou pour apercevoir l’autre côté. La franchir, tout de bon.
Parce qu’on a assez perdu de temps. Parce que la vie, c’est tout de suite et pas plus tard ou dans deux jours ou peut-être le mois prochain, et c’est encore moins « un jour ». Je réprimande tous les gens que je vois utiliser « un jour », parce qu’on sait tous que ça veut dire « jamais ».
Et puis peut-être que le jeu en vaut la chandelle et que vous découvrirez que vous êtes vous aussi une comète. Avec un axe et un champ de gravitation. J’ai sans doute encore le temps, mais je n’ai jamais été très patiente, et c’est une qualité que je ne vais certainement pas cultiver au profit de mes peurs. Et plus je me laisse aller à cet état d’esprit, plus je croise d’âmes qui le partagent. et on est tous d’accord sur ce point.
Assez tergiversé.
On n’aura plus la patience d’avoir peur.
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