Ce texte a été écrit lors d’un atelier d’écriture Langue de Lutte animé par Alex.ia Tamécylia sur le thème « Tendresse radicale. » Deux mots choisis par deux autres participant·e·s m’avaient été attribués pour créer un concept sur un modèle similaire : la gaieté incivile.
La gaieté incivile c’est danser sans connaître les pas, sans s’en souvenir et sans savoir comment. Sans attendre qu’on te les apprenne. C’est danser les un·e·s avec les autres ou seul·e dans sa salle de bains, c’est danser contre surtout. Contre l’approprié, le poli, le lisse. La gaieté incivile ne dérange que celleux qui ont à perdre à briser les carcans, que celleux qui se tiennent debout sur les chairs des autres. La gaieté incivile c’est chanter faux dans les rues et péter aux lits de nos amants de droite juste avant de les jeter. La gaieté incivile sort du cadre et des manières, elle dépasse et déborde. La gaieté incivile est la colère neuve de n’avoir pas existé plus tôt. Une ronde, une sarabande, un cercle de champignons qui s’élargit d’année en année. La gaieté incivile te heurte avant de te libérer, te choque avant de t’enflammer.
La gaieté incivile n’a que faire de la politesse due aux aînés ; la gaieté incivile ne respecte que celleux qui la respectent en retour. La gaieté incivile est un buisson d’orties, piquante, nourricière et guérisseuse.
La gaieté incivile c’est la vie sans le capitalisme, le manque et la hiérarchie. C’est sourire dans les bus et faire des doigts à ceux qui y croient une invitation. C’est la puissance d’un groupe qui n’arrêtera pas de virevolter, c’est voler dans les hypermarchés et planter du trèfle entre les pavés. La gaieté incivile c’est prendre soin de celleux qui, selon la société, ne l’ont pas mérité. La gaieté incivile, c’est rire au nez des traumas et casser le nez aux traumaturges.