« You don’t deserve to hear the lies »
« You don’t deserve to hear the lies »

« You don’t deserve to hear the lies »

Ça fait un moment que je n’ai pas trop su quoi écrire ici. Trop de tableaux, peut-être, s’enchaînent trop fort et trop vite pour que j’en saisisse une conclusion globale à transmettre. Être dans un entre-deux comme actuellement ne m’aide pas – mes racines sont vigoureuses, mon entourage m’aide à en prendre soin, mais elles n’en sont pas moins hors du sol. Pour le moment.

Il y a le stop. Le dernier miroir en date, le dernier symptôme plutôt, en train de me dire : Je t’envie. Je ne pourrais pas faire ça, je n’ai pas assez confiance en les gens. Et moi d’essayer de lui expliquer que c’est dans ce but que je fais ça – ça, et essayer de me réapproprier le temps long, non productif. Donner à l’univers l’espace dont il a besoin pour me prouver que je ne suis pas seulement ce à quoi on (qui « on » ? Moi ? Les gens qui m’ont vue m’excuser d’exister ? Les inconnus sur Internet ?) s’attend. Il y a les gourous et la sorte d’évidence, qui ne l’a jamais été en fait : qu’ils n’ont pas de prise sur moi si je n’en ai pas envie. Et de leur montrer – non : leur laisser voir, simplement – que je n’en ai vraiment aucune envie. Il y a la surprise des autres, encore eux, devant mon aplomb. Il y a l’émotion dans la voix du petit prince alors que, sans aucun aplomb pour le coup, j’essaie d’offrir ce que j’ai – il y a me rendre compte que j’ai une maison, ici comme là-bas comme ailleurs, et qu’à chaque fois que j’en quitte une je me condamne à en retrouver une – à remplir mon coeur de petit deuils. Mais ils valent la peine, eux aussi – parce que quelque part, ils me rappellent, chaque fois, que je peux m’inventer une vie à peu près n’importe où, et trouver ceux qui seront présents. Sur la route. En France. À Minsk. Ce n’est pas une affaire de lieu – c’est une affaire de disposition d’esprit par rapport à la vie.

Je sonne un peu coachy-bullshit-pensée positive de droite, peut-être. C’est sûrement parce que, ayant finalement assez peu de prise directe sur la réalité politique, la lutte des classes, l’effondrement écologique et toute cette merde, je m’oblige à me concentrer sur ce que je peux changer. Une sorte d’instinct de survie mental.

Ça, et il faut bien admettre que j’ai eu énormément de chance, ces derniers temps. Alors ça ne fait que renforcer ma foi.

Je me rends compte au milieu d’une réflexion existentialo-pratique que ça ne m’intéresse pas, de ne pas souffrir. Pas au nom d’une conception pseudo-romantique de l’artiste maudit, non merci – mais juste parce que c’est l’occasion de dire stop. Se désensibiliser au point de ne plus faire la différence entre la tristesse et la joie n’est pas seulement risquer de se couper de sa créativité, c’est s’interdire de grandir. Je suis – réellement – en totale opposition avec une de mes créatrices préférées du moment sur ce point : le risque me semble trop grand.

L’important ce n’est pas d’être serein, c’est de, quand on ne l’est pas, être capable de ne pas être la cause de crises pour ceux qu’on aime. Je n’ai rien trouvé de mieux que le rappel de ce qui compte à mes yeux pour me ramener à moi.

Et puis il y a quelque chose. À une période je disais qu’une semaine était ratée si je n’avais pas versé une larme, qu’elle soit de tristesse ou de joie. Pour moi, ça signifiait que je m’étais empêchée de vivre, de ressentir, d’être vulnérable, et donc d’être courageuse. C’était vrai. Je ne crois pas que ça le soit resté.

Peut-être que je suis en train de me mentir à moi-même, comme les gens le font souvent, mais il y a cette précision de Brené Brown qui dit que la vulnérabilité performative n’est pas autre chose qu’une armure, et ce paragraphe m’a fait un peu trop grimacer pour qu’il n’ait pas raison.

Alors peut-être qu’il y a, mais c’est trop étrange pour être formulé, mais peut-être, seulement peut-être, que je suis devenue… plus solide ? Absurde, non ? Et pourtant.

« Ce moment où tu te retournes et où tu te rends compte que tu n’as plus besoin de tes peurs. » Soyons clairs : d’autres les remplacent, et elles-mêmes n’attendent probablement que le prochain gros moment de stress pour te frapper dans le dos telles les agents de la Résistance qu’elles sont.

Il y a le stop et l’émotion dans un regard qui vaut toute la peine du monde et mon kink absolu pour les études universitaires, et la certitude que tous les outils que j’assemble, pour sembler disparates, s’harmoniseront en fait parfaitement autour de la vie que je construis petit à petit. Parce que tout ça est de plus en plus cohérent. Je vous dis ça alors que je sors de semaines de procrastination intensive et ce qui se passe actuellement c’est que je mets de l’ordre dans mes pensées. Mais même pendant ce temps, les pensées et les histoires se mettaient en place.

En attendant que je retrouve la concentration nécessaire pour m’asseoir et écrire et arrêter de procrastiner en lisant des pages Wikipédia sur la linguistique.

En m’attendant.