Life

C’est assez drôle comme parfois on réalise une photographie et ensuite seulement on comprend pourquoi. Là par exemple, j’étais en tailleur sur mon lit à boire un cours de systèmes politiques comparés en lisant un excellent thé à la menthe nommé « Thé des Sources » en provenance du Palais des Thés, quand j’ai ressenti l’envie de sortir mon appareil et de le poser sur son trépied.

Basiquement, cette photo c’est presque du reportage. Ça aurait pu être Sirithil prise par River, mais non. C’est juste Florence. Son visage pas maquillé, ses grandes lunettes de hipster, son mug préraphaélite, ses pieds nus, son lit parsemé de bouquins, ses yeux plissés par la lecture, ses cheveux en bataille, son jean usé à force d’être porté tous les jours, ses bretelles qui tombent à cause de ses petites épaules, ses peluches, un épisode de Stargate en fond sonore.

Ca, c’est moi. Bonjour. Nous ne nous sommes probablement pas rencontrés. Sur les polas derrière moi, c’est Sirithil. Vous avez dû en entendre parler, je suppose -puisque vous êtes sur son blog. Je lui ai volé ses codes d’accès pour me présenter à vous.

Avec une amie très chère, je discutais il y a à peine une semaine de notre image sur Internet, cette chose bien pratique derrière laquelle se cacher, mais qui finit par nous remplacer aux yeux d’autrui, souvent dans une version déformée de notre création. Celle-ci croît dans l’esprit des gens, avec des ramifications parfois totalement absconses, et eux viennent ensuite vous dire des choses, reproches ou louanges, qui ne sont en adéquation, ni avec vous, ni avec ce que vous avez créé. Incompréhension. Désarroi. Ce moment où vous réalisez que finalement très peu de gens vous connaissent, et puis enfin vous vous dites que c’est aussi bien.

Mais voilà. Moi, je m’appelle Florence. L’ombre de Sirithil planera toujours un peu derrière moi, et de moi, elle a mon amour profond pour la nature et tout ce que j’aimerais être. Mais je suis aussi et surtout cette fille pas apprêtée, manquant de confiance en elle, plongée dans ses lectures par peur du monde extérieur, cette fille qui s’extasie devant un hérisson et dont le rouge monte aux joues plusieurs fois par jour, à la pudeur extrême sauf pendant un concert de Rammstein, aux élans parfois dignes d’un Cyrano mais timide au point de s’excuser constamment d’exister tout en s’efforçant de se détacher des choses sans grand succès, cette fille qui, finalement, n’est ni meilleure ni plus mauvaise qu’une autre et se contente juste d’être humaine, avec ses dichotomies et ses drôles de pensées, mais fondamentalement poussée par ce besoin inhérent à l’espèce de s’améliorer.

Bonjour. Moi, c’est Florence. Maintenant vous pourrez me connaitre un peu.

2 commentaires

  1. Aslinn Naïta

    Voilà qui donne écho à une discussion d’il y a quelques jours pour ma part également, et puis à mon combat quotidien du « j’essaye au mieux d’assumer être humaine et je vous le remémore au passage »…
    En fait tu m’agaces amoureusement (le therme est maladroit) à mettre des mots sur mon quotidien alors qu’on ne le partage pas, à croire qu’en fait c’est le même combat, les mêmes désarrois pour toutes les modèles, et au fond ça me rassure, je me sens moins seule.
    Alors merci à toi de dire haut et fort ce que (je pense) nous sommes nombreuses à vivre en silence.

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