Auteurice
Auteurice

Auteurice

Je me suis dit, c’est drôle. En tant qu’ex-modèle photo, on aurait pu penser que l’habitude de confier mon image, au moins partiellement, au regard d’Autrui, était gravée dans mes instincts. Ou, qu’en tant que photographe, je me sentirais plus à l’aise si je réalisais moi-même ces images. Coline, elle, pense que mon problème c’est l’inverse, que je sais trop poser et que c’est ça qui me fragilise.

Mais non. Pour mes photos d’autrice, il me fallait un cocon plus réconfortant que ça. Il me fallait de la confiance qui s’étende au-delà de l’acte photographique. Je crois que je suis un peu capricieuxe, capricieuxe dans ce contexte signifiant que je sais ce que je veux, ce qui me met à l’aise, et que j’ai bien l’intention de l’obtenir.

Bref. J’ai demandé à Coline Sentenac de s’occuper de mes portraits une fois de plus, et je suis heureuxes de ces visages sans artifices qui sont tous résolument les miens.

Même si je genre tout et surtout moi au neutre depuis un moment, je continue à me dire autrice, et non auteurice. Peut-être parce que je me suis trop battu·e pour l’usage du premier, sûrement parce que quelle que soit la façon dont mon genre et son expression évolueront, je ne serai jamais auteur et je ne le désire pas. Je ne connaîtrai jamais ce sentiment d’objectivité fondamentale (et fallacieuse), de légitimité si évidente qu’elle devient une violence pour tous les autres. Et je trouve ça bien, je pense que ça me rend meilleur·e, et mes textes avec.

Il y en a beaucoup qui sommeillent sous forme de manuscrits (finis ou non), de scénarios, de simples idées parfois. J’attends, maintenant, je ne ressens plus le besoin de sortir une chose par mois sans quoi nous cesserons d’exister. Mais tout de même, je crois que j’ai hâte qu’ils voient le jour une seconde fois, en rencontrant un public plus large que mes ami·e·s proches, quand ils seront prêts.